Le parc à lièvres et autres nouvelles
Il me fallut du temps pour apprendre ce que l'on faisait de ces lièvres. La boucherie? Non! Alors quoi? On les livre à des sociétés de chasse qui les lâchent dans la nature. Cette explication ne me rassura point, car dans cette nature là, les chasseurs pullulaient. Or, moi, j'avais vite appris à les aimer ces lièvres. Depuis que l'un d'eux a eu l'élégance d'offrir la victoire à une tortue besogneuse, on les fait passer pour frivoles et stupides. Rien de plus faux. Ils peuvent se montrer fins stratèges et habiles calculateurs. De plus, ils sont beaux. Et la beauté est une arme sans pareille. Quand, en juin 40, les Allemands déboulèrent avec motos et blindés chez nous, monsieur Devernois s'apprêtait à livrer six dizaines de lièvres à une société de chasse du Devonshire, ce que je considérais comme une abomination - un assassinat même - car comment des lièvres élevés en Auvergne pourraient-ils déjouer les traquenards de chasseurs anglais dont ils ignoraient tout de la langue?
Le Parc à lièvres
L’Autre * La Brodeuse de nuages * Norlène * Mort à Venise * Auto-stop à Bidon bis * Je fais chirurgie * Dans la forêt suédoise * Nouvelles Nouvelles * Les Chandeliers de Murano * Contacts * Hold-up * Route Napoléon * La Lettre * Le Greffé du cœur * Le Parc à lièvres
Illustration de couverture:
Florent Giambagli